LES ORIGINES


Le mot "tambour", par exemple, a une origine orientale, et même le timbre de la caisse claire ("snare drum" en anglais) se retrouve sur les tambourins marocains (sous la forme d'un boyau séché, comme pour les tambours militaires européens jusqu'au siècle dernier) les "bendirs".
On a retrouvé des cymbales en bronze de forme turque (la forme la plus employée en jazz et en rock) mais de petite taille, dans d'antiques tombes grecques. Les grecs antiques croyaient qu'elles avaient le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits, mais on retrouve aussi beaucoup de représentations qui les font figurer dans les fêtes et les banquets.
Ce n'est sans doute que plus tardivement, avec des cymbales à plus grand format, qu'on les utilise à des fins militaires, comme tous les instruments les plus puissants d'ailleurs (tambours, timbales, cornes de brume, cornemuses, trompettes et cors en cuivre, etc.), pour relayer des ordres jusqu'au bout du champ de bataille, pousser à la marche des soldats (d'où le mot de "marches" pour les compositions de musique martiale), ou tout simplement effrayer l'ennemi. L'enseignement de la batterie au Conservatoire National Supérieur de Paris se fait encore à partir de ce qui pourrait constituer son âge d'or: celui de la batterie militaire napoléonienne (Méthode R. Tourte, "Le Rigodon d'honneur", divertissement des "Grognards" dans leur camp, "Batterie d'Austerlitz", "Marche des éclopés" ("La Boiteuse"), par exemple), qui coïncide avec le maximum de sophistication des formations et mouvements de fantassins, que l'on ne retrouve plus aujourd'hui que pour le "spectacle", dans certains défilés militaires ou d'Ecole (surtout dans les écoles américaines d'ailleurs). C'est une tradition qui n'existe quasiment plus en France, qui comptait presque une fanfare municipale par commune à l'époque napoléonienne, et l'on y voyait là l'occasion d'une pratique populaire de la musique avec un caractère national et convivial, au même titre que la Samba, au Brésil, aujourd'hui, par exemple.
Au début du XIX ème siècle, aux Etats-Unis d'Amérique nouvellement indépendants, avec le départ des militaires français de la Nouvelle-Orléans (vente de la colonie française de Louisiane par Napoléon Bonaparte en 1803), ce sont tous les instruments de musique militaire, jugés trop encombrant pour les bateaux, qui sont bradés voire abandonnés. Les populations d'esclaves noirs d'origine africaine, massées dans le travail ingrat des champs de coton et à qui l'on interdit presque tout, même la pratique des instruments de musique symphoniques européens, y voient une occasion inespérée de retrouver la pratique musicale de leurs ancêtres, basée sur l'improvisation et la polyrythmie, tout en rentrant dans un cadre culturel compositionnel et instrumental "convenable" pour les esclavagistes blancs, car de culture européenne (batterie et marches militaires). C'est ainsi que naissent les "bands" et le style "New-Orleans", pour les cérémonies d'enterrement d'abord, puis le carnaval, et enfin les bals et mariages pour finalement "s'asseoir" dans les "dancings", les "maisons closes", les bars, restaurants et cabarets, pour devenir le "jazz" que l'on connaît.
 



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