LES DEBUTS DU JAZZ: 1900-1940


Certains historiens pensent que le mot "jazz" viendrait du mot argotique français "jaser", qui pourrait caractériser le dialogue que se livrent les solistes qui improvisent dans le "New Orleans". Le plus célèbre de ces groupes, le premier a enregistrer un disque et qui se revendique comme le premier véritable groupe de jazz, est celui de Joe "King" Oliver (dès les années 1910), où s'illustrera un certain Louis Armstrong, trompettiste et chanteur alors débutant, et Warren "Baby" Dodds, le premier batteur de jazz enregistré. C'est à cette époque qu'est inventée la pédale de grosse caisse pour réduire le nombre de percussionistes.
La prohibition des années 1920, permet à la musique noire, appréciée de gangsters richissimes, de trouver des mécènes généreux et de développer les "bigs bands", où s'épanouissent de grandes sections de cuivres ("Duke" Ellington (avec comme batteur Sony Greer, entre autres), Bill "Count" Basie, "Cab" Calloway, Chick Webb (batteur soliste et chef d'orchestre) en sont les plus célèbres chefs, compositeurs, arrangeurs voire pianistes, qui se produisent dans les non moins célèbres "Cotton club" ou "Savoy" de New York). La notion de "café-concert", où un public d'initié écoute en buvant tranquillement un verre ou en dansant, la musique improvisée, devient indissociable du jazz, dont les "boîtes" et "clubs" sont encore les lieux de concerts des meilleurs solistes actuels.
Les "jam-sessions" où, en deuxième partie de soirée, les mélomanes les plus passionnés peuvent écouter de véritables "joutes" musicales et où les "nouveaux" peuvent essayer de démontrer leur talent accompagné d'un groupe de professionnels, se généralisent comme une "alternative" culturelle et artistique aux écoles et salles de concert de musique blanche, où l'on se contente généralement juste de transmettre la musique "classisée", académique, figée, du passé européen.
A l'inverse, en Europe, dès les années 1910, des compositeurs révolutionnaires d'avant-garde comme Eric Satie ou Igor Stravinsky, qui ont pourtant reçus une formation académique, s'inspireront largement du jazz et de sa vision polyrythmique et harmonique (ainsi que du folklore européen et russe) afin de tenter de renouveler la musique écrite européenne pour orchestre symphonique. Plus tard, c'est leur musique qui inspirera à son tour Charly Parker afin de révolutionner le jazz, avec la création du style "Be-Bop". Avec l'apparition du disque et de la radio, les idées musicales circulent plus vite que jamais et la partition et le solfège ne sont plus les passages obligés pour entrer dans "l'Histoire de la Musique".
Dans les années 1930, une dynamique de compétition se développe alors à Chicago, New York ou encore Kansas City, permettant l'émergence de talents et virtuoses époustouflants dans la société noire-américaine, encore écrasée par la ségrégation et la frustration, et qui voit un exutoire et un moyen de s'affirmer dans la musique des cabarets (comme les saxophonistes Lester Young "the President", Coleman Hawkins, Johnny Hodges, qui influencèrent également le jeune Charlie Parker). C'est la période du "swing", cette note de silence ajoutée après chaque temps, pour donner une mesure ternaire à toutes les mélodies populaires. Des musiciens blancs commencent à imiter ces musiques issues des quartiers pauvres et à la faire admettre dans les prestigieuses salles de concerts américaines (comme l'orchestre du clarinettiste Benny Goodman, qui fut le premier orchestre de jazz à avoir l'honneur de jouer au "Carnegie Hall" de New York, où l'on joue normalement de la musique symphonique et classique; il existe d'ailleurs un enregistrement de ce concert, où s'illustre un des tous premiers grands virtuoses solistes de la batterie, Gene Krupa, qui atteint des vitesses de frisés (alternance main droite, main gauche) rarement égalées). Pendant ce temps, se crée à Paris, le "Jazz manouche", avec le guitariste Django Reinhardt, et le violoniste Stéphane Grappelli, qui se sépare de la batterie et la remplace par une guitare rythmique. C'est dans ces années que la batterie moderne atteint son accomplissement avec l'invention de la pédale de charleston ("hi hat" en anglais) et des toms avec tirants.
 



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