Free-Jazz, Fusion et Hard-Rock: 1960-1990

Pendant ce temps, d'autres s'ingénient, dans les années 1960, à pousser au maximum de l'audible les solos de jazz (par leur vitesse, leur volubilité et leur complexité tonale), avec ce qu'ils appelleront eux-même le "free-jazz" (John Coltrane, avec son fameux quartette avec Mac Coy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la basse et Elvin Jones à la Batterie, ou encore Ornette Coleman, Don Cherry, Eric Dolphy, Albert Ayler, Anthony Braxton, Sun Ra et Archie Shepp).
C'est aussi dans les années 1960 qu'apparaît le métissage "jazz-samba", en même temps que la "bossa-nova" ("la bosse neuve", autrement dit "nouvelle vague") brésilienne avec Stan Getz, saxophoniste de jazz virtuose américain, Astrud Gilberto, chanteuse brésilienne et son frère Joao, guitariste, Antonio Carlos Jobim, ou encore le compositeur chanteur, guitariste et parolier Vinicius de Moraes, qui s'inspirent tous de la musique du carnaval de Rio pour l'adapter dans des morceaux plus intimistes, à l'échelle des cabarets.
Dans la mouvance rock, des gens comme Jimi Hendrix (et le batteur "Mitch" Mitchell, qui remplit son discours improvisé de "notes fantômes" pianissimo ("ghost notes") tout en maintenant "l'afterbeat" (temps 2 et 4, "fortissimo", joués par la caisse claire), initiant sûrement le "jazz funk" ou "free groove", à la batterie), Carlos Santana (et ses percussionnistes afro-cubains Raul Rekow (congas) et Karl Perazzo (timbales)), Jim Morrison, ou Joe Cocker incarnent un retour au blues et au jazz du Rock, avec une touche plus "world", voire franchement latine (pour Santana), grâce notamment au célèbre concert en plein air de "Woodstock"(1969) qui réunit un record jamais vu de 500 000 spectateurs, véritable manifestation pacifique et pacifiste de la jeunesse, s'inscrivant dans les mouvements étudiants de mai 1968. A Woodstock s'illustre aussi une nouvelle approche du jazz, plus "world"et plus rock (binaire) avec des gens comme Chick Corea, ou Ornette Coleman, et les batteurs Jack de Johnette et Ed Blackwell, tous deux très polyvalents, qui seront bientôt rejoints avec brio par un Miles Davis rajeunissant sans cesse, et s'entourant toujours des plus jeunes talents, comme le précoce Tony Williams (dont il a pu dire qu'à cause de lui, il s'était remis à travailler son instrument!), ou encore Al Foster à la batterie, mais aussi ceux qui deviendront les chefs de file du "jazz-rock" ou "fusion": Chick Corea et son "Electric Band", soutenu par un des plus grands virtuoses de l'histoire de la batterie, le jeune Dave Weckl, Joe Zawinul et Wayne Shorter, leader du groupe "Weather Report", qui accueillit tour à tour les batteurs Peter Erskine et Omar Hakim débutants, John Mac Laughlin, guitariste électrique, tous réunis dans un album mythique de Miles de 1969 intitulé "Bitches brew" (littéralement: "bordel").
Dans les années 1970, John Mac Laughlin, avec son Mahavishnu Orchestra, soutenu par le fougueux Billy Cobham à la batterie, un des précurseurs du jeu virtuose à la double grosse caisse, puis avec son groupe Shakti et Zakir Hussain, joueur de tablas (percussions digitales indiennes), élargi encore le métissage originel du jazz à l'Inde et au "funk", mouvance plus "africanisante" de la pop avec son chef de file, le chanteur James Brown (avec John "Jabo" Starks et Clyde Stubblefield à la batterie). James Brown avait d'abord cherché l'inspiration dans la pop africaine ou "afro-beat" de Fela Anikulapo Kuti et son batteur Tony Allen. Dennis Chambers, entretiendra cette flamme "jazz-funk", toujours avec John Mac Laughlin, en maîtrisant toutes les subtilités de la batterie funk, jazz et blues, et en les mélangeant avec une aisance rarement atteinte. Un autre batteur de John Mac Laughlin, Trilok Gurtu, un indien, inventera un style de jeu unique, mélangeant percussions digitales et batterie.
Le groupe Led Zeppelin (Robert Plant (voix), Jimmy Page (guitare), John Bonham (batterie)), qui joue avec à la fois une grande violence et une grande virtuosité inaugure le style "hard rock" (AC-DC, Deep Purple, Guns'n Roses, etc.), dans les années 1970, qui amènera au "metal rock" qui radicalise encore l'esthétique ultra-violente (Metallica (avec Lars Ulrich, comme batteur compositeur et leader), Iron Maiden (d'inspiration celtique, avec le fulgurant Nicko Mac Brain à la batterie), etc.) dans les années 1980, puis au "death metal", qui systématise un débit continu de double grosse caisse, dans les années 1990 (Gene Hoglan, batteur de Dark Angel, un des premiers batteurs à avoir l'idée d'appliquer le moulin militaire au jeu en alternance deux pieds et deux mains). C'est aussi dans les année 1970 qu'apparaissent deux mouvances contradictoires au sein de la pop, un courant plus brutal et rebelle, tout d'abord: la "punk music" (Iggy Pop et les "Stooges" aux Etats-Unis et les "Sex pistols" en Angleterre), et le "rock progressif", plus lyrique voire carrément "classique" dans ses formes générales comme ornementales (King Crimson (avec Bill Bruford, batteur solo), Rick Wakeman, Genesis (avec Phil Collins d'abord batteur et choriste avant de devenir chanteur leader, après le départ de Peter Gabriel), David Bowie, Dream Theater (Mike Portnoy, batteur soliste leader), Angra, plus récemment, avec une consonnance plus "métal").
Citons aussi le chanteur et bassiste de pop Sting, mais de formation jazz, qui "lança" nombre de grands virtuoses de la batterie: Stewart Copeland (dans son premier groupe, "The Police", à la fin des années 1970) qui mélange le "reggae" jamaïcain et la pop, Vinnie Colaiuta , maître des mesures asymétriques (grandiose avec Franck Zappa), ou encore Manu Katché (batteur pianiste, qui ne s'exprimera véritablement qu'avec le saxophoniste norvégien de jazz Jan Garbarek), pour ne citer qu'eux.
 
 



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